A propos des manifestations cardiaques de la spondyloarthrite : un risque toujours d’actualité !
Par le Pr René-Marc Flipo (CHRU – Lille)
Article commenté :Risk of cardiac rhythm disturbances and aortic regurgitation in different spondyloarthritis subtypes in comparison with general population: a register-based study from Sweden.Bengtsson K et al.Ann Rheum Dis 2018 ; 77:541-8
Il y a de nombreuses années qu’ont été décrites les principales manifestations cardiaques su susceptibles de s’observer au cours de la spondylarthrite ankylosante, et notamment les troubles de la conduction et l’insuffisance aortique.
Il n’y a pas eu d’étude récente sur ce sujet ; les études plus anciennes reposant sur des effectifs volontiers faibles, en l’absence de groupe contrôle et pour des manifestations volontiers asymptomatiques… sans parler de résultats focalisés sur la spondylarthrite ankylosante.
Cette étude prospective repose sur les données de la cohorte nationale suédoise. Les auteurs ont identifié les patients qui entre 2001 – 2009 ont été reconnus comme ayant une spondyloarthrite axiale, une spondyloarthrite indifférenciée ou une arthrite psoriasique.
Le suivi va jusqu’en décembre 2012. L’effectif est ainsi de 6448 patients pour la spondylarthrite ankylosante, 16.063 pour le rhumatisme psoriasique et 5190 pour les spondyloarthrites indifférenciées. Le groupe contrôle est lui de 266.435 sujets.
Pour les BAV du 2ème et du 3ème degré, le risque ajusté est statistiquement plus élevé dans les 3 groupes de spondyloarthrites : 2,3 (1,6 – 3,3) pour la spondylarthrite ankylosante et 1,5 (1,1 – 1,9) pour l’arthrite psoriasique.
Pour la pose d’un pacemaker, le risque est quasi double. Dans la spondylarthrite ankylosante, le HR ajusté est à 2,1 (1,6 – 2,8). Dans l’arthrite psoriasique, il est de 1,6 (1,3 – 1,9).
L’insuffisance aortique est plus rare avec un ratio d’incidence dans les 3 sous-groupes de 0,7 pour 1000 patient-années versus 0,4 dans la population générale. Le risque là encore est néanmoins près de 2 fois supérieur avec un HR ajusté à 1,9 dans la SA (1,3 – 2,9), 2,0 dans les spondyloarthrites indifférenciées (1,2 – 3,5) et 1,8 dans le rhumatisme psoriasique (1,4 – 2,4).
Les auteurs ont souhaité regarder par ailleurs ce qu’il en était pour l’arythmie complète par fibrillation auriculaire. L’incidence est beaucoup plus élevée, de l’ordre de 7 pour 1000 patient-années dans les spondyloarthrites versus 5,5 dans la population contrôle. Dans la spondylarthrite ankylosante, le HR ajusté est ainsi calculé à 1,3 (1,2 – 1,6).