Détresse psychologique chez les patients atteints de spondyloarthrite en Europe : résultats dans l’étude européenne EMAS.

Par le Dr Edouard Pertuiset (CH René-Dubos – Pontoise)
D’après la communication :Psychological Distress in Patients with Axial Spondyloarthritis in Europe. Results from the European Map of Axial Spondyloarthritis SurveyM. Garrido-Cumbrera et al.

La détresse psychologique est un état de souffrance émotionnelle caractérisée par un ensemble de symptômes, notamment d’anxiété et de dépression. Le GHQ (General Health Questionnaire) est, comme son nom ne l’indique pas, un questionnaire ayant pour but la détection de troubles mentaux non psychotiques. Le GHQ comprend 4 domaines de symptômes liés à : dépression, anxiété et insomnie, désadaptation sociale, somatisation. Il y a plusieurs formules de GHQ dont la plus utilisée en pratique comporte 12 questions (GHQ-12). Un score de GHQ-12 ≥ 3 constitue le seuil de risque pour l’existence d’une détresse psychologique.

La détresse psychologique, en tant que telle, a été très peu étudié dans les spondyloarthrites axiales (axSpA). Le travail présenté ici est basé sur l’analyse de 2.846 patients participant à une étude européenne appelée EMAS et réalisée dans 13 pays. L’objectif de ce travail a été d’évaluer l’association de la détresse psychologique avec différents facteurs, dont ceux liés à l’axSpA.

En analyse univariée, la détresse psychologique est significativement corrélée avec : l’âge plus jeune, le sexe féminin, vivre seul, ne pas avoir de travail, être en arrêt de travail temporaire, le score BASDAI, l’index de raideur rachidienne, la dépression et l’anxiété. Un score BASDAI ≥ 4 est présent chez 86,9% des patients avec un score GHQ-12 ≥ 3, et chez 49,7% des patients ayant un score GHQ-12 < 3 (p < 0,001).
En analyse multivariée, l’association des facteurs influençant le risque de dépression est par ordre d’importance décroissante : BASDAI, anxiété, sexe, statut professionnel, âge.

Synthèse : la détresse psychologique est un élément important que nous n’avons pas (ou pas assez !) l’habitude de prendre en compte chez les patients jeunes atteints d’axSpA. Elle peut être détectée par le questionnaire GHQ-12. Sa détection doit permettre de déboucher sur des actions comme : adresser le patient à un psychologue (voire un psychiatre), organiser une éducation adaptée, développer le coping, etc. Son risque est d’autant plus important que le patient est jeune, qu’il s’agit d’une femme, que l’axSpA est active et que la raideur rachidienne est importante.