Par le Pr Thao Pham (CHU Sainte-Marguerite – Marseille – Date de publication : 20 janvier 2023
Article commenté : Tender to touch-Prevalence and impact of concomitant fibromyalgia and enthesitis in spondyloarthritis: An ancillary analysis of the ASAS PerSpA study.Fitzgerald GE et al.
Joint Bone Spine. 2022 ; 89(6):105420.
Même si l’enthésite est la lésion élémentaire de la spondyloarthrite, son diagnostic et son évaluation restent difficiles. En effet, la douleur de l’enthésite est souvent sans preuve clinique manifeste d’inflammation, rendant difficile la confirmation diagnostique. Des critères d’évaluation clinique ont été développés et ont démontré leur fiabilité dans les études, mais sont peu utilisés en pratique clinique.
Mais surtout, le diagnostic d’enthésite est compliqué par le chevauchement anatomique entre les points sensibles de la fibromyalgie et la douleur de l’enthésite de spondyloarthrite. La prévalence de la fibromyalgie est importante dans les rhumatismes inflammatoires, de l’ordre de 20%, comme cela a été largement démontré. En revanche, il y a peu de travaux évaluant la coexistence de la fibromyalgie et des enthésites elles-mêmes dans la spondyloarthrite.
Ce travail ancillaire de l’étude Assessment of SpondyloArthritis International SocietyPeripheral Involvement in SpA (PerSpA) a cherché à en évaluer la prévalence. Les 4465 patients inclus étaient des hommes dans 61% des cas, d’âge moyen de 44,5 ans et souffraient principalement de spondyloarthrite axiale (47,9%).
Parmi eux, 44,4% ont eu au moins un épisode d’enthésite, confirmée par un rhumatologue. La localisation était principalement au pied et en particulier tendon d’Achille (24,9%) et aponévrose plantaire (17,6%).
La prévalence de la fibromyalgie différait en fonction de l’outil utilisé : 9% des patients avaient un diagnostic clinique de fibromyalgie, 17,4% avaient un diagnostic selon le score FIRST et seuls 28,1% de ceux diagnostiqués par le FIRST avaient un diagnostic clinique de fibromyalgie.
Les enthésites et la fibromyalgie coexistaient chez 10,3% (n = 425) des patients en utilisant les critères FIRST et 5,3% en utilisant le diagnostic clinique.
Les personnes souffrant de cette association avaient une spondyloarthrite plus grave dans tous les domaines de la maladie, sans différence significative entre les sexes. L’association était significativement associée à l’âge, au sexe féminin, à l’IMC, au BASDAI et à la région du monde.