Une piste alimentaire pour expliquer la forte incidence mondiale des maladies inflammatoires intestinales

À retenir

  • Une méta-analyse regroupant les données de plus de 1 million d’individus montre l’augmentation du risque de maladie de Crohn (MC), mais non de rectocolite hémorragique (RCH) chez les plus gros consommateurs d’aliments ultra-transformés.
  • La forte consommation d’aliments peu ou pas transformés serait, quant à elle, un facteur protecteur vis-à-vis de la MC.

Pourquoi est-ce important ?

La MC a été associée à des habitudes alimentaires non Méditerranéennes et pro-inflammatoires, ainsi qu’à de faibles apports en fibres, en zinc et en potassium, alors que la RCH a été associée à des apports élevés en acide linoléique, faible en acide docosahexaénoïque et à une forte consommation de viande rouge. Ces constats soulignent l’impact différent de l’alimentation sur le développement de ces deux maladies. Récemment des études se sont intéressées à l’association de la méthode de fabrication des aliments et notamment leur ultratransformation et la survenue de ces maladies inflammatoires chroniques. Les aliments ultra-transformés contiennent notamment des ingrédients non naturels comme des arômes artificiels, des stabilisants, des édulcorants, des stabilisateurs, des émulsifiants,…et de composés transformés par les process industriels qui augmentent la perméabilité intestinale et favorisent les dysbioses. Cette revue systématique de la littérature et méta-analyse permet de prendre de la hauteur sur les données qui existent aujourd’hui sur le risque associé au développement d’une MICI en fonction de la consommation de produits plus ou moins transformés.

Méthodologie

Une revue de la littérature a été menée pour identifier les études publiées jusqu’en octobre 2022 concernant l’association entre la consommation d’aliments transformés et le risque de MC ou RCH.

Principaux résultats

Au global, cinq études de cohorte ont été identifiées. Les données de 1.068.425 personnes ont donc été incluses dans les analyses. Celles-ci ont toutes été publiées entre 2020 et 2022. 

Quatre d’entre elles ont été qualifiées de haute qualité (score≥7 sur l’échelle de Newcastle-Ottawa). 

L’âge moyen des participants était compris entre 43 ans et 56 ans (55% à 83% de femmes).

Au cours du suivi, 916 sujets ont développé une MC et 1.934 une RCH. La proportion de la consommation en produits ultra-transformés variait de 13% à 21% dans les quintiles les plus faibles et entre 45% et 51% dans les plus hauts.

Dans l’ensemble de la population, les plus gros consommateurs d’aliments ultra-transformés avaient 71% de risque supplémentaire de développer une MC par rapport à ceux qui en consommaient le moins (hazard ratio (HR) 1,71 [1,37-2,14], l’hétérogénéité des études était très faible I2=0%).

Les plus gros consommateurs d’aliments peu ou pas transformés avaient une diminution de 29% du risque de développer une MC par rapport à ceux qui en consommaient le moins (HR 0,71 [0,53-0,94], I2=11%).

Aucune association n’a pu être mise en évidence entre la consommation d’aliments ultra-transformés ou d’aliments peu ou pas transformés et le risque de RCH.

Law E-C. et al. Associations Between Infant Screen Use, Electroencephalography Markers, and Cognitive Outcomes. JAMA Pediatr. Published online January 30, 2023. doi:10.1001/jamapediatrics.2022.5674