Stress, vaccination, quels sont les facteurs environnementaux qui peuvent impacter la spondylarthrite ?
Luo G & al. / Joint Bone Spine / 5 juin 2018
Résumé d’articles par Nathalie Barrès
À retenir
Les résultats d’une étude française montrent que les évènements de vie stressants survenant de manière soudaine et inexpliquée, seraient associés à une aggravation transitoire de la spondylarthrite. Cette dégradation devenait cliniquement significative pour les détresses les plus sévères. En revanche cette étude n’a pas confirmé d’association entre la vaccination et l’augmentation de l’activité de la maladie. Même si la magnitude de la variation du BASDAI restait relativement modérée au niveau de la population dans son ensemble, les variations individuelles pouvaient cependant être non négligeables.
Pourquoi est-ce important ?
La contribution des facteurs environnementaux à l’évolution de la spondylarthrite (SpA) n’est pas très bien étudiée. Une précédente étude menée par la même équipe avait mis en évidence que les évènements de vie stressants, et dans une moindre mesure la vaccination, pouvaient favoriser l’activité de la maladie. Cependant, les données étaient recueillies auprès des sujets tous les trois mois, un intervalle jugé long qui pouvait constituer une limitation.
Méthodologie
Étude prospective de cohorte menée chez des adultes atteints de spondylarthrite et suivis durant deux ans. Les patients devaient renseigner tous les mois un questionnaire standardisé via un site Internet. Ils indiquaient ainsi s’ils avaient vécu des évènements de vie stressants, s’ils s’étaient faits vaccinés ou s’ils avaient été exposés à d’autres facteurs environnementaux. Ils devaient indiquer le taux de détresse résultant de ces évènements de vie sur une échelle numérique entre 0 et 10.
Principaux résultats
Au total, 3.388 questionnaires ont été retournés à partir des 272 patients souffrant de SpA enrôlés dans l’étude. La durée moyenne de la participation à l’étude était de 505 jours ±159. Sur l’échelle HAD, le niveau moyen d’anxiété était relativement élevé, alors que le score moyen de dépression était à un niveau intermédiaire. Une majorité de sujets ont rapporté consommer de l’alcool (72,8%), mais peu présentaient une addiction potentielle, et 22,8% des sujets étaient fumeurs.
Par rapport aux mois sans événement stressant, les mois durant lesquels un événement stressant, soudain et inexpliqué de vie est survenu ont été associés à une augmentation significative du critère principal de jugement, l’index de BASDAI (Bath Ankylosing Spondylitis Disease Activity Index) de 0,57 [0,29-0,85], p<0,001.
L’effet de l’événement de vie stressant persistait sur une durée médiane de 3 mois, et 25% des patients restaient même affectés durant plus de 8 mois. En revanche, aucun autre facteur environnemental n’était associé de manière significative après correction, à des variations de l’index de BASDAI.
Principales limitations
L’impact des facteurs environnementaux a été évalué sur la perception de la sévérité des symptômes par le patient et non par des marqueurs objectifs de l’inflammation.
Financement
Etude financée par UCB Pharma.
Références :Luo G, Boelle PY, Turbelin C, Costantino F, Kerneis S, Nahal RS, Breban M, Hanslik T. Abrupt and unexpected stressful life events are followed with increased disease activity in spondyloarthritis: a two years web-based cohort study. Joint Bone Spine. 2018 Jun 05 [Epub ahead of print]. doi: 10.1016/j.jbspin.2018.05.009. PMID: 29883766